Mon père faisait partie des « malgré-nous » et ne venait que
rarement en permission. Il s’échappât plusieurs fois et fut fait
prisonnier en 1944 au Mont Cassino en Italie par les américains
alors qu’il désertait avec plusieurs compagnons alsaciens.
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Carnet manuscrit de
mon père lors de son évasion des troupes allemandes.
INCROYABLE ! J'ai consulté le carnet
intime de mon père et trouvé la preuve écrite que le père de Clément
( www.stiring.net ) étaient
prisonniers dans le même camp américain et qu'ils se fréquentaient
régulièrement.
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Le couple logeait dans la même maison que
les grands parents. Le grand-père travaillait au gazomètre du Puits Saint
Simon. Il faut dire que les maisons du quartier des Houillères avaient été
conçues pour cela. De plus les occupants avaient à leur disposition un
jardin avec deux grands poiriers ce qui leur permettaient de se nourrir
avec les légumes de leur production. Les voisins logeaient dans la partie
symétrique séparée par une clôture. |
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Le N°57 où nous habitions du coté droit.
A droite la maison 50 ans après.
Avec la fermeture des Puits des Houillères les logements
ont été rachetés et restaurés.
Avec le modernisme sont apparus les entrées de garages qui n'existaient
pas dans le passé.
La route au-dessus du talus à été supprimée pour
laisser place à une zone verte.
La petite chapelle existe-t-elle encore? Envoyez moi des
photos actuelles sur mon mail :
cliquez ici
Merci d'avance
ROGER |
Rue de l'étang en 1945 |
En septembre 1943 naquit ma
soeur Marthe. Le divorce de mes parents
n’avait pas arrangé la situation financière. Ma mère était obligé de
subvenir à nos besoins en allant à vélo à Forbach tous les jours
pour travailler dans une usine métallurgique percer des trous. En
rentrant elle se mettait sur sa machine à coudre Singer à pédales et
nous confectionnait de nouveaux habits avec beaucoup d’art, en
partant d’anciens vêtements d’adultes. Mais le moins comique est
qu’elle me tricotait mes slips ce qui faisait rire les copains de
classe lors des visites médicales à l’école. D’ailleurs je servais
souvent de porte bobine lorsqu’elle détricotait des pulls pour en
récupérer la laine. |
On ne connaissait pas le cordonnier. Mon père récupérait des
morceaux de tapis transporteur de charbon et en séparait les couches
en caoutchouc en bandes de quelques millimètres d’épaisseur. Ensuite
il arrachait les anciennes semelles des chaussures et clouait la
bande à la place et en découpait le pourtour avec une lame de
ressort bien affûtée. C’est ce que font actuellement les africains
avec les pneus de voitures pour faire des semelles de sandalettes.
L’opération se terminait par le clouage de renforts en acier sur la
devant et l’arrière des semelles, prélude à une imitation de Fred Astaire et au football avec les boîtes de conserve. Quelle chance
parce qu’à ce moment là d’autres mettaient encore des sabots en bois
et surtout des godillots à clous dont la chute entraînait une vrai
hécatombe de crevaison des pneus des « petites reines » très à
la mode en ces temps là. |
Mon père réparant son vélo avec ma soeur Marthe, Marie-Jeanne, la
fille des voisins et moi. |
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Bonhomme de neige sur le terrain vague. |
Après la guerre
nous n’étions d’aucun bord, des « lorrains » simplement, et très
chauvins. Parce qu’il faut dire que chez nous les vieux
chuchotaient « c’est un français » ( des is e fronzose) en voyant quelqu’un de négligé dans la
rue. C’était la preuve qu’on pensait ne pas être en France et surtout pas
en Allemagne. La meilleure est qu’au mariage d’une de mes demi-sœurs,
ayant déjà 8 enfants, il y a quelques années dans une Europe constituée,
elle a du prouver à l’administration française qu’elle était bien
française car les archives de Forbach avaient été détruites. Il parait que
nos pères avaient le droit de choisir leur nationalité après la guerre.
J’ai trouvé la solution en fournissant le passeport de mon père pour aller
en Sarre ce qui prouvait qu’il était bien français. Alors comment ai-je pu
faire officier en 1962 sans qu’on me pose une question aussi idiote ?
Excès de zèle des technocrates de la CEE ? |
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La
pollution régnait partout. Lorsque ma mère décrochait le linge séché du
fil tendu dans le jardin elle le secouait violemment pour en décrocher la
suie avec le "teppischklopfer". Ce même instrument servait à me donner des
fessées lorsque, énervé par ma soeur, je lui refilait des gnons. Il y en avait partout et à un tel point que les troncs des arbres
étaient invariablement noirs. Plus tard, à l’âge de 15 ans, lorsque ma
mère se remaria en Meuse à coté de Bar-Le-Duc, je fus surpris de trouver
des troncs de couleur allant du brun au vert. Même la terre du potager
était noire. En été le vent chaud nous apportait une odeur épouvantable
venant de je ne sais où, et même la nuit en entendait par les fenêtres
ouvertes une pompe couinante qui nous empêchait de dormir. Par contre en
hiver le tapis de neige et le ciel s’embrasaient d’une couleur rouge qui
illuminait le ciel comme une aurore boréale féerique. On était en enfer et
au paradis en même temps. Ce phénomène lumineux provenait du déversement
des scories en fusion acheminées depuis les hauts-fourneaux de la Sarre
sur les hauteurs du terril ( schlakkeberch) longeant la route de Schoeneck.
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La rue en haut du talus en 1945 |